Pont suspendu sur la douleur

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Douleur, colère et culpabilité : lorsque les parents meurent, les enfants entreprennent un long voyage à travers le deuil. En chemin, ils ont besoin de consolation et d'aide - et parfois d'une paire de gants de boxe.

« Connaissez-vous même la mort ? », demande Raphaël* le psychologue. Le garçon blond et mince est un enfant à deux visages : d'un côté humoristique, direct, poli, amical - de l'autre sauvage et provocateur - une bombe à retardement sur deux pattes. Raphaël est brillant. Il frappe avec précision les points sensibles des camarades de classe et des enseignants. Petit à petit, il devient un solitaire qui ne se fait pas d'amis.

L'enfant de onze ans a beaucoup derrière lui : à l'âge d'un an, son père a contracté un cancer lymphatique. Une maladie mortelle - le garçon le sait depuis aussi longtemps qu'il s'en souvienne. Dix ans plus tard, le père est considéré comme guéri. Mais alors le cancer éclate à nouveau. Le père meurt - et Raphaël rencontre la mort pour la première fois.

« Connaissez-vous même la mort ? - Je devais d'abord réfléchir à la question », explique Hans-Werner Saloga. Même pour lui, le thérapeute formé pour enfants et adolescents, la réponse n'est pas facile. Dans son travail avec des enfants dont les parents sont en phase terminale ou mourants, il est confronté à plusieurs reprises à des questions existentielles.

Culpabilité, colère et tristesse

Raphaël n'est pas seulement triste, il est aussi en colère. "Tout à fait normal", dit Sologa. Certains enfants craignent d'être responsables de la mort de leurs parents parce qu'ils n'étaient pas assez bons. Chez d'autres, comme Raphaël, la colère l'emporte : colère contre le père parce qu'il l'a laissé seul. Mais le garçon croit : vous ne devriez pas être en colère contre les morts. Raphaël réprime ses sentiments à la maison du mieux qu'il peut. Au lieu de cela, le feu couvant dans l'âme la fait bouillir encore et encore à l'école. Saloga lui offre enfin un exutoire. Quand Raphaël s'approche de lui en colère, il le provoque. "Ensuite je lui donne une paire de gants de boxe et on se bat", raconte la psychologue.

En thérapie, Raphaël apprend qu'il peut tout ressentir et tout dire. Il apprend qu'il est normal et sain d'être triste, crier et en colère dans des situations extrêmes. La pratique inondée de lumière de Saloga directement sous la structure du toit devient un espace protégé dans lequel Raphaël peut tout laisser sortir.

Resté seul avec le chagrin

Jusqu'aux années 1980, on croyait que les enfants ne pouvaient pas comprendre la mort et la mort. On voulait leur épargner la douleur, les tenir à l'écart des lieux et des rituels de deuil. Ils étaient rarement invités aux funérailles. "À présent, nous avons compris à quel point c'était faux", dit Saloga. Si les enfants sont empêchés de dire au revoir, de parler de ce qui s'est passé et de pleurer, ils restent seuls dans leur besoin. « Les enfants peuvent aussi pleurer profondément », sait le thérapeute. Ils traitent simplement le sujet de la mort différemment des adultes.

Pont sans garde-corps

Lorsqu'un parent décède, des enfants comme Raphaël se retrouvent sur une longue route cahoteuse. Il relie la vie avant la maladie, la mort et la mort avec la vie après. « Les enfants doivent traverser un pont suspendu sans rampe. Il y a des abîmes profonds à droite et à gauche », explique le psychologue munichois. En tant que thérapeute, il doit suivre le chemin précaire.« Je ne peux pas dire à l'enfant : 'Tu vas là-bas' et reste toi-même en sécurité. » Lorsqu'il parle à un enfant de la mort et de la mort, il ne peut pas prendre ses distances. La mort est très proche de lui.

Pour lui en tant que compagnon, la thérapie c'est aussi souffrir avec les enfants. "Si je peux endurer leurs sentiments et leur abandon, cela leur donne confiance, courage et consolation". Cela permet à l'enfant de faire le premier pas sur le pont.

« Connaissez-vous même la mort ? » lui demanda Raphaël. C'était il y a quelques années. Avec l'aide de sa thérapeute, il l'a fait : il a les deux pieds bien sur terre. Raphaël devient ingénieur, tout comme son père l'a fait autrefois. Peut-être qu'un jour il construira lui-même des ponts.

* Le nom a été modifié par l'équipe éditoriale.

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